Considérez une vie où tout ce que vous avez connu n’a été que douleur et souffrance, et rejetez par la personne que vous pensiez serait votre sauveur. La mort ne serait-elle pas la plus belle des échappatoires ? Mon nom est Elara et malgré ma lutte pour m’accrocher à la vie qui m’a été que douleur et torture, le rejet m’a fait me poser une question : "Devrais-tu t’accrocher à une vie qui te rejette ?" Une existence souillée qui n’avait que sa fierté et à qui on a tout arraché voilà ce que je suis. Alors, quand ses mots de rejet ont résonné, je n’ai plus eu la force de lutter. J’ai couru. À travers la maison de la meute, à travers la pelouse impeccable, jusqu’à la forêt où mon souffle se mélangeait à mes sanglots. Les branches ont fouetté ma peau pendant que je courais, toujours plus vite, toujours plus loin. Mon souffle se brisait, mes sanglots se mêlant à l’air glacé. Je ne fuyais pas la forêt. Je fuyais ma propre vie. "Je suis désolée, ma douce fille", ai-je murmuré à mon loup. "Désolée de t’avoir enfermée dans ma douleur, désolée de t’avoir fait subir ce poids." Elle a répondu d’une voix douce, pleine de tristesse : "Ce n’est pas ta faute, Elara." Alors la forêt s’est ouverte, et la cascade est apparue devant moi. L’eau s’écrasait en contrebas avec un fracas assourdissant, comme l’écho de ma douleur. J’ai senti mes jambes céder. J’ai avancé encore un pas. Mes bras se sont ouverts. Le vent frappant mon visage comme le dernier souffle auquel j’ai droit. Les larmes coulant sans fin. Je suis tombée. Libre. Brisée. "Je t’aime, ma douce fille. Jusqu’à ce que nous nous retrouvions", a murmuré mon loup, sa voix tremblante d’amour. "Je n’ai jamais regretté un seul instant avec toi." Puis l’eau glacée nous a englouties. Ce soir-là, la meute Snowmoon célébrait la fin de l’été, insouciante, rieuse, réunie au pied de la cascade. Jusqu’au moment où un cri a glacé le sang : "Par la Déesse ! Quelqu’un vient de sauter !" Tous les regards se sont levés, figés d’horreur, voyant une silhouette frêle plonger dans le vide. L’Alpha, le Beta et le Gamma se sont précipités à la recherche de la disparue. Le Beta a resurgi, tenant dans ses bras un corps frêle, presque celui d’un enfant. Quand ils l’ont déposée sur la berge, un silence de stupeur a étouffé la fête. Couverte de cicatrices, brisée, le souffle fragile, Elara paraissait sortie d’un cauchemar. "Qui a pu faire ça à une âme aussi innocente ?" a demandé le Beta, la voix tremblante de rage. Mais déjà, l’Alpha, à genoux, n’entendait plus rien. Ses lèvres balbutiaient le mot qui allait bouleverser leur monde : "Compagne… compagne… compagne."